C'était Le Domaine poétique

Exposition The Beat Generation à Beaubourg 2016

Jean-Loup Philippe fondateur du Domaine poétique en France à côté de l'affiche exposée

au musée Georges Pompidou Beaubourg Paris.

Vers une nouvelle avant-garde…

Jean-Loup Philippe et le Domaine poétique.

Le jarrivisme est mort, le Lettrisme agonise.

Une nouvelle avant-garde littéraire se prépare.

La première manifestation du Domaine poétique est un spectacle appelé Poésie ouverte.

Il a déjà été présenté plusieurs fois, tant à l'étranger qu'en France, notamment à Paris, à la Galerie du Fleuve.

L'originalité de ce spectacle monté par Jean-LoupPhilippe est de faire participer de façon concrète l'univers du spectacle théâtral à un récital poétique.

Un certain nombre de textes nous sont présentés souvent par les auteurs eux-mêmes, entourés d'une mise en scène qui sait s'effacer devant le récitant aussi bien que prévaloir sur le personnage en scène qui dit le texte.

Parfois le son se déroule sans qu'aucun personnage ne soit visible, laissant paraître d'impressionnantes projections lumineuses jamais gratuites, toujours subordonnées à ce qui se dit.

Dans une salle comble, remplie de jeunes, qu'aucune publicité n'ait été faite, nous avons assisté avec étonnement, à ce spectacle, une des meilleures tentatives d'avant-garde depuis des années.

Plusieurs auteurs s'étaient partagés le programme : J.C Lambert ; Neuf aléas, G.Lucas ; Un quart d'heure de culture métaphysique, François Dufrêne, transfuge du groupe lettriste ; Tombeau de Pierre Larousse, B. Gysin ; Permutation, Robert Filliou ; Père-Lachaise n°1 et Kabou'Inéma.

Tous les textes étaient bons, mais le grand morceau était sans conteste une sorte d'improvisation poétique sous forme d'une courte pièce en un acte, jouée par Jean-Loup Philippe et Jacques Gruber, dans laquelle se mêlaient un décor simplifié la «personnification des objets» chers aux surréalistes, et un «texte-provocation», excellent.

Il est question que ce spectacle, qui sera présenté de nombreuses fois au cours de l'année, soit joué en régulier dans un théâtre parisien.

Il est à souhaiter que ce Domaine poétique conserve toutes les qualités visuelles et auditives qu'il possède.

Nous allons sans doute voir paraître une avant-garde aussi bien poétique que théâtrale, qui pour une fois, sera vraiment, l'œuvre des jeunes.

Il était temps, les seuls représentants de cette Avant-garde étant maintenant devenus aussi officiels qu'Evtouchenko. En effet, aucune surprise ne nous attend plus chez Ionesco, Becket, Adamov ou Audiberti.

A moins que cette promotion de jeunes donne le coup de fouet nécessaire pour sortir des sentier battus.

Jean-Loup Philippe, qui assure la mise en scène de ce premier spectacle est un jeune comédien.

Nous l'avons vu dans Thé et sympathie au théâtre récemment dans une pièce de Mauriac, à la télévision dans Asmodée, ainsi qu'au cinéma.

C'est tout à son honneur d'avoir choisi, pour sa première production personnelle, d'abandonner les classiques débuts du siècle pour se tourner vers ce qui reste le plus difficilement accessible :

l'Avant-garde.

Jean Rollin, mai 1963.